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jeudi 2 mars 2017

Birmanie 2 eme voyage.


Une autre Birmanie!

J’ai enfin trouvé la Birmanie que je souhaitais découvrir, celle décrite par mes amis.
 
Arrivée le dimanche 28 mai 2006 à Yangon, 19h30, je passe fièrement devant le bureau de change, évidemment sans m’arrêter. Je retrouve la guesthouse « Okinawa », je suis déjà un habitué.

Le lendemain matin sans perdre de temps je m’empresse de changer des baths thaïlandais, je réserve les $ us pour payer les billets d’avion, de plus le stock de $ sur le voilier diminue et il n’y a qu’au Cambodge que l’on délivre ces précieux billets au lieu de la monnaie locale.
Grande discussion sur le taux de change, le dollar : 1250 kiats, l’euro : 1400 et je parviens à décrocher 30,6 kiats pour 1 bath.

Je définis l’itinéraire avec la secrétaire de l’agence de voyage et commande les billets, 4 vols pour 350 $. Marché conclu, rendez-vous pris pour 14h afin de récupérer les billets.

J’étais à peine à 30 mètres de l’agence que l’employé me rejoint :
« Come back, come back! Problem! (revenez, revenez, problème).

J’imaginais bien qu’il y aurait encore des anecdotes à tapoter sur le clavier.

« Le billet pour aller à Puta O, pas possible, zone interdite aux étrangers, il faut une autorisation du gouvernement. Allez demander des informations au Ministère du tourisme. »

Eh voilà !!! Nous y sommes.

Aucune autorisation pour aller seul à Puta-O, il faut prendre un guide désigné par le gouv. Donc je dois prendre un « package » guide, hôtel, itinéraire … Et cinq jours de délais pour peut-être l’obtenir, le plus important de la farce est le prix dudit package : 990 $ us.

Moins de 24h que je suis arrivé et je commence à ressentir les prémices de la colèrasse.

Avant de partir ma fille m’a fait promettre de rester « Zen ! »
De plus, lorsque l'on voyage en Asie, il faut savoir, principalement en Birmanie et au Cambodge, que les employés sont blessés par les reproches et doléances, même si ceux-ci sont adressés à leur patron, ce sont eux qui les reçoivent et ils se sentent personnellement responsable.
 
Ok ; mais avec l'employé du ministère du tourisme qui affichait un large sourire voyant déjà arriver les $ :
 
« Chère Madame, distinguée commissaire du gouvernement d’enfoirés, le Capitaine vous suggère de conserver votre package et de l’utiliser … éventuellement comme cataplasme ou autre selon votre désir le plus intime! Suis-je Zen?

Je décolle le mardi 30 pour le Nord, direction Myitkyina, ville situé à 300 kilomètres environ au Sud de Puta-O qui est un cul de sac.

Un mot sur cette ville interdite. C’est un petit bourg de l'extrême Nord de la Birmanie, niché au pied de l'Himalaya, habitat très dispersé de petits chalets de bois. La frontière chinoise se trouve à 8 jours de marche (pas de route). La population appartient à l’ethnie Kachin, mais avec des origines souvent différentes (chinoises, tibétaines, et mongoles). Bref, je ne peux pas y aller, je le regrette comme le jouet convoité et inaccessible, ok je ne vous ennuie plus avec!

Me voici  tout de même dans le Nord de la Birmanie, au sein de la province Kachin.

La ville de Myitkyina compte environ 10000 habitants et possède un aéroport, une auberge de jeunesse et 3 hôtels. J’opte pour le Pantsung après avoir négocié le prix de la chambre de 15 $ à 12 $ petits déjeuners compris (ici moins bien et plus cher qu'a Yangon). Je paie en kiats, et le change passe à 1400 au lieu de 1250.
L’immeuble aurait besoin d’un ravalement, de plus il est tristounet avec architecture : parallélépipède en béton, mais c’est le luxe!, air conditionné, ventilateur, réfrigérateur et TV câble qui offre 4 chaînes : Tv Myanmar, une qui diffuse des films thaïlandais où la censure a laissé 4 bises érotiques, une aventure et découverte et la chaîne anglaise BBC word.
Plusieurs marchés très colorés et animés permettent de côtoyer les multiples minorités qui peuplent la région. Lisu, Gurkha, Rawan ou Lishaw.










Peu de pagodes, ici de nombreuses religions sont présentes, baptistes et catholiques sont majoritaires, musulman, bouddhistes (bien sûr) et même témoin de Jehova.


Au super marché les prix sont affiches en kiats, la caisse enregistreuse donne un ticket avec un total en monnaie chinoise lequel est multiplié par un coefficient (1,63) qui finalement indique le prix à payer en kiats, quel est l’intérêt de cette manipulation ?

Le lendemain je prends un tuk tuk en direction la naissance de l’Ayeyarwaddy. Ce fleuve a la particularité de ne pas avoir de source. Son origine se situe au confluent des deux rivières Mali Hka et Nmai Hka.





J’ai hésité sur le choix du moyen de transport, il eût été préférable que je suive mon intuition première, et que je prenne le bus, plus exactement le camion bus. L’état de la route est pour le moins catastrophique à tel point que je conseillais plusieurs fois à mon chauffeur de tuk tuk de rouler dans les champs bordant la piste. Je signale au passage que l'on roule à droite en Birmanie.
Apres 3h 30 de voyage chaotique, j’aperçois non loin le stupa qui se situe au confluent, but de l’excursion. Quelques kilomètres de plus et le chauffeur stoppe devant une rivière, du moins je le pensais. Je remarque des poteaux électriques qui traversent ladite rivière, l’eau était peine à 1m des fils.

Nous sommes au début de la saison des pluies, la route est inondée, submergée. Deux barques assurent le transbordement et impossible d’embarquer le tuk tuk, les camions bus font un détour par une autre route qui est impraticable pour l’engin à trois roues. Les solutions sont simples, soit barque et 6 Km à pied aller, soit demi-tour.

D’un commun accord nous choisissons la seconde. Le retour par une autre route me permet de découvrir plusieurs villages et d’aborder les villageois Kachin, qui débordent de gentillesse. Nous sommes, je l’ai déjà précisé au début de la mousson de Sud-Ouest et le soleil ne fait ici que de très rares apparitions, les photos ne seront pas contrastées.
 
Il faut que je raconte celle-ci :

Apres avoir copieusement dîné dans un restaurant indien, je décide d'aller dans un restaurant bar ou la bière est servi à la pression. Il est 20h30 environ et pas d'éclairage dans les rues, je marchais en essayant de deviner les "nids de poules" dispersés sur la  chaussée. Quelques phares des rares voitures ou mobylettes éclairaient de temps de temps cette rue, je remarque une silhouette qui vient à ma rencontre. Les hommes portant le sarong, bien difficile de déterminer qui arrive. Un phare bienvenu m'aide: c'est une femme. Je continue ma route très occupé par les trous en pensant protéger mes chevilles d'une entorse.
La brave (je pense) femme était maintenant à une dizaine de mètres, je distingue dans cette profonde obscurité un trou plus important que les autres et je fais un grand pas à droite pour l'éviter, la nana croyant que je fonçais sur elle détale aussi vite qu'un départ du 100m aux jeux Olympique, en hurlant. Comprenant la situation, j'éclate de rire, voilà le Capitaine pris pour un satire.
Pour que cette femme ait eu cette réaction c'est certainement que de temps en temps la nuit dans les rues sombres elles doivent subir les caresses impromptues de males en manque de tendresse
 
 Pour aller à Kyaing Tong, situé à  l'Est de la Birmanie, je suis obligé de faire un transit par Mandalay, les horaires des avions m'obligent à dormir une nuit dans cette très belle ville, touristique certes, mais sympathique. Je retrouve quelques amis qui sont heureux de me revoir et qui regrettent que je ne reste qu'une journée.  
 
Une précision au sujet des facilités de visites et permissions en Birmanie actuellement. Lors de mon premier voyage, des Birmans et des randonneurs étrangers m’avaient assuré que l’on pouvait aller n’ importe où maintenant. Il n’en est rien, après Puta-O, j’ai appris que la ville de Mogok située dans la vallée des rubis est absolument interdite aux étrangers.

Dans l’avion pour Kyaing Tong, un jeune suisse me dit avoir lu et entendu que l’on ne peut aller à Mong La située à 55 miles (88,5 Km) au Nord de Kyaing Tong à la frontière chinoise.
Arrivé à l’aéroport de Kyiaing Tong je demande à l’officier d’immigration qui me rassure sur ce point, je suis d’accord et vous pouvez y aller sans permission signée.
A la sortie de l'aéroport un garçon tient une pancarte avec en énormes caractères : mon nom! Qu'ai-je encore fait?
Hi Sir I'm your guide. (Salut Monsieur, je suis votre guide).

Ok, merci mais je n'ai pas de guide et je n'en veux pas.

 Le chauffeur de tuk tuk m'accompagne dans une guesthouse correcte pour 8$ la nuit. Avant de partir, en n'oubliant pas de me demander si j'avais encore besoin de ses services, il me dit :"Quelle est ta religion?"
Constatant ma surprise, il enchaîne:
- Je suis témoin de jehova.
- Félicitations, lui dis je, chacun son truck.
-De quel pays êtes-vous? France? Ok page 32 et il me fait lire cette page, écrite en excellent français, qui expliquait à peu près ceci :
Nous serons mieux au paradis, il n'y a pas de malheureux, que du bonheur, enfin nous aurons une vie heureuse pleine d'amour ...
Je réplique:
- Tu comptes y aller quand? Tu devrais faire lire ce passage à ton dictateur de Than Shwe, il peut aller y faire un tour le plus vite possible et surtout qu'il y reste, c'est a dire qu'il  ne ressuscite pas.
J'abandonnais mon chauffeur en me promettant surtout de ne pas le prendre une nouvelle fois.
 
Par cette ville transitent toutes les marchandises en rapport avec les échanges commerciaux entre la Thaïlande et la Chine.
 
Je propose à un jeune motocycliste de faire tous les villages autour de Kyaing Tong. Je découvre toutes les ethnies, autant de traditions et de coutumes.
 
Nous sommes dans un village Akha, je fais remarquer à moconducteur de cyclo qu'il y a beaucoup plus de chiens ici qu'ailleurs, bien sûr  me dit-il  :
-ils les mangent!
-Mais ils ne croient donc pas à la réincarnation.
- peut-être mais à coup sûr  ils ne pensent pas être réincarnés en chien.
Nous continuons notre balade et je découvre les sources d'eau chaude, avec une forte odeur de soufre, impossible de mettre la main sans se brûler, la température est proche des 100 degrés.
-Cher camarade chauffeur, es-tu d'accord pour aller demain à Mong La ?
-Oui mais il faut une autorisation.
-Non le chef de l'immigration de l'aéroport m'a affirmé je pouvais y aller.
-Ok, demain nous allons à 7h au marché prendre de la monnaie chinoise ensuite on ira prendre ton autorisation à l'immigration et on file à Mong La (88,5km).
Et le Capitaine fredonne sur un air connu: Zen Zen Zen ...
Mong La se situe à l'Est de la Birmanie, ville sur le territoire Birman, frontière avec la Chine. On ne peut pas payer en monnaie birmane, la seule monnaie en vigueur est le Yuan. Le droit d'entrée de la ville se paie bien sûr en monnaie chinoise, 1 yuan = 162 kiats = 0.12 euro, il s'éleve à 37 yuan plus 5 pour la mobylette!
Nous voici enfin sur la route en direction de la ville frontière. Je suis étonné de la qualité du revêtement, c'est un grand axe routier donc il est soigné.
Il y a 3 cols à franchir, au moment du départ j'avais fait remarqué à mon jeune chauffeur que sa moby n'était pas la même que celle d'hier et qu'elle me parraissait en plus mauvais état. Il me rassure en précisant qu'elle était plus vieille mais meilleure que l'autre.
Après une heure de route nous attaquons la raide grimpette  du premier col. A la sortie d'un virage, il change de vitesse et accélère brusquement, un craquement sinistre se fait entendre, et la chaîne pend lamentablement sur le pignon de la roue arrière.

Nous rebroussons chemin en roue libre et on stoppe devant une maison. Le patron au gros ventre arrive avec un bidon qu'il utilise comme caisse à outils, "quels outils!!!" constatant la chaîne cassée il va s'asseoir et regarde sans bouger, il ne peut rien faire.
Une mobylette arrive, discussion avec mon chauffeur, je crois comprendre ( personne ne parle anglais ) qu'il va déposer son client et revient me chercher pour continuer la route.
Un tuk tuk arrive à son tour, le conducteur me parait très dégourdi, il vide le bidon à outils, et trouve deux maillons rouillés, il me les montre avec un large et rouge sourire qui bave le bétel. Nous allons être dépanné! J'explique, en étant très convaincant que je ne suis pas d'accord  pour continuer avec cette moby étant persuadé que la chaîne cassera à nouveau et rapidement. Mon chauffeur me fait comprendre qu'il faut attendre et no problem.
 
L'autre acolyte a déposé son client et rapplique, discussion avec mon conducteur, 4000 kiats change de main, le changement ne s'arrête pas la.
Chacun d'eux démonte la plaque minéralogique de sa mobylette.
 
Ok le Capitaine a compris, les gars vous étés les plus forts, je
vais continuer la route avec mon chauffeur sur la mobylette presque neuve du copain, qui porte l'immatriculation de la vieille carcasse à la chaîne cassée. Il était nécessaire d'effectuer ce changement de plaques car sur mon laissez passer les numéros de la moby était notés.
 
Entre Kyaing Tong et Mong La, quatre postes de police pour contrôler tout ce qui passe, ils fouillent les poches des pauvres birmans qui quittent la rizière pour retourner chez eux.
 
Nous voila arrivés dans cette ville sans charme, tout a été construit n'importe comment. Un musée intéressant montre que le Myanmar combat les trafiquants et surtout fabricants de drogue forte sur son territoire, belle poudre aux yeux. Chaque fois que j'ai abordé ce sujet, il en est comme pour la politique: muet comme des carpes, ou bien : ici il n'y a pas de champs de pavots, au Laos et en Thaïlande oui, là bas vous en trouverez ...
 
Il me semble vraiment être en chine, toutes les informations des magasins sont en chinois, la population parle chinois, birman heureusement et aussi thaï. Il n'y a que les éleves qui porte la tenue traditionnelle birmane blanche et verte.
 
      Apres avoir pris le repas et visité le marché (la société protectrice des animaux a du travail ici !).







         Je propose  de retourner en visitant les villages sur notre route. Heureusement que le chauffeur a de la mémoire, il faut aller faire viser l'autorisation à l'immigration. L'officier nous accueille en expliquant que nous devons revenir dans 2 heures (car pour les tampons et la signature, c'est long!) je fais comprendre qu'on attend ici car nous souhaitons partir le plus vite possible et je m'installe, avachi sur la chaise, devant son poste de télé pour qu'il comprenne bien que je ne bougerai pas. Le voila qui sort de sa poche un billet de 100 yuan et me le montre. Ce drôle de zigue pense que je vais lui offrir un barchis, il ne connaît pas le Capitaine. Je tends la main pour prendre son billet avec de grands salamalecs qui montraient que je le remerciais pour ce don. Mon chauffeur  retenait difficilement son rire. Etant suffisamment éloigné du bureau, il mis son pouce en l'air en bredouillant : "you number one." (toi numéro 1).
Ok avec le coup de la plaque minéralogique on est fort tous les deux!
 
Aucune anecdote pour le retour calme et paisible. J'admirais cette route qui se frayait un chemin au travers des montagnes.
 
De temps en temps une source et partout un végétation
luxuriante qui rappelle que l'on est ici aussi sous les tropiques.
 
Apres plusieurs jours dans cette jolie ville calme à l'Est de la Birmanie et de l'état ou province de Shan, je peux affirmer que le mot qui la qualifie le mieux est "slowly" traduisez : lentement. Un bon nombre d'habitants prononcent ce mot à mon encontre car ils jugent que je suis toujours pressé et que je me précipite trop.
 
 
Si pour respecter le proverbe je reviens une 3eme fois en Birmanie, je me rendrai à Kyaing Tong à coup sûr. Cette ville me plaît et les birmans sont formidables, débordants de gentillesse et de générosité.
 
 
Conclusion:
 
 La Vénérable Aung San Suu Kyi invite les étrangers à boycottés son pays tant que la junte le dirigera. Histoire de tarir les ressources du pouvoir, l’affaiblir ...
Je ne suis pas convaincu que la présence ou non de 600 000 touristes annuels dont environ 12 000 Français dans le pays renforcera ou affaiblira l a junte qui  tire ses profits des matières premières et échanges avec la chine. Total exploite des gisements de gaz et aide la Birmanie sur les plans scolaire et santé, l’état français grand défenseur de la démocratie… est bien timide et applique la même méthode que pour le Tibet : du verbiage inutile, du bla bla bla .
 Le Myanmar n’est pas un lieu de promenade pour Occidentaux en mal d’exotisme.  Les généraux avec à  la tête le senior général Than Shwe repoussent périodiquement les émissaires de l’Asean et des Nations unies, et ce pas plus tard que le mois dernier.
En février 2005 la junte annonce les mouvements d’administrations vers Pyinmana. Ceci est fait, la raison principale de ce mouvement est la position vulnérable de la capitale Yangon face a une attaque militaire extérieure.
 
Ayant survolé La région de Pyinmana, j'ai pu constater que tous les groupes d'immeubles (15 environ) qui doivent abriter ministères, administrations et résidences des généraux ... sont absolument identiques et distants de 2km environs les uns des autres.
 
Donc difficile de savoir qui est où!
 
Connaissant les birmans et le régime, sans une intervention extérieure du style Irak, Koweït ... le Myanmar restera verrouillé dans son immobilisme pour encore bien longtemps.
       




C'est lui !!!!!

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